La loi de finances complémentaire de 2020 consacre une enveloppe de 100MD pour payer les dettes des sociétés de transport qui souffrent d’un déséquilibre financier depuis des années.

Les sociétés nationales de transport sont parmi celles qui souffrent, depuis des années déjà, d’un déséquilibre financier dû à plusieurs facteurs. En fait, le secteur du transport joue un rôle socioéconomique important participant au désenclavement des régions intérieures, mais aussi à desservir les zones interurbaines. Cependant, les tarifs affichés n’ont pas connu un changement alors que les frais dépensés par ces sociétés sont en évolution continue. Ainsi, les sociétés de transport sont  tenues de payer le carburant quel que soit son cours, d’acheter de nouveaux bus ou rames, d’effectuer régulièrement l’entretien et les réparations d’usage du parc roulant.

Face à ces dépenses faramineuses, les recettes sont plutôt maigres; en tout cas, elles ne couvrent pas les frais dépensés.

Certaines catégories d’usagers comme les étudiants, les personnes à besoins spécifiques et certaines professions ne payent qu’une partie du ticket ou de l’abonnement, le reste de la somme étant supporté par l’Etat. Sans parler, bien entendu, de la resquille qui est devenue monnaie courante dans le transport en commun, y compris les bus, métros et trains. On peut évoquer aussi les itinéraires non rentables mais qui sont maintenus par l’Etat pour fournir un service de transport adéquat dans les régions de l’intérieur du pays et même dans certaines zones urbaines.

Une stratégie à revoir

Tous ces facteurs et bien d’autres sont à l’origine du manque à gagner ou du déficit affiché par nos sociétés de transport. D’où la nécessité de revoir leur stratégie d’avenir en vue d’assainir, de façon durable, leur situation financière. Les responsables et les directeurs généraux doivent rendre des comptes dans le cadre d’un contrat-programme à objectifs. Certes, le secteur du transport en commun a été enrichi depuis quelques années par des sociétés relevant du secteur privé qui ont diminué la pression sur les sociétés nationales, mais celles-ci demeurent, néanmoins, le pilier du transport collectif vu leurs prix à la portée des citoyens à revenu moyen et limité.

D’où la nécessité de préserver ces sociétés qui constituent un acquis de taille réalisé après l’indépendance et qui continuent à assumer leur délicate mission malgré le déficit et les différents problèmes posés. D’ailleurs, le ministre du Transport et de la Logistique, Moëz Chakchouk, a souligné lundi dernier que le projet de loi de finances complémentaire a consacré une enveloppe de 100 MD au titre de l’année 2020 pour payer les dettes des sociétés régionales, de la Transtu et de la Sncft. Face au manque de liquidités, ces sociétés sont obligées de recourir à l’endettement en vue de payer les différentes charges de fonctionnement et d’équipement, y compris la masse salariale qui occupe une place de choix dans le budget de ces sociétés.

Problèmes avec les fournisseurs

Il a indiqué, dans sa réponse à une question des députés lors de la séance plénière concernant la ligne du métro numéro 4, que la Transtu n’a pas payé les fournisseurs pour des achats de pièces de rechange lors de transactions réalisées en 2017 et 2018. Il a été prévu de renforcer la ligne de métro numéro 4 par 12 wagons et 3 autres rames lors des heures de pointe pour éviter les encombrements, sachant que les fonds alloués dans la loi de finances complémentaire contribueront à améliorer le statut de la Société des transports de Tunis et à résoudre les problèmes avec les fournisseurs.

Les difficultés financières ont empêché, en outre, la mise en œuvre de certains programmes de renouvellement et de renforcement du parc. A noter que les usagers sont transportés quotidiennement dans des conditions précaires aussi bien dans les bus que dans le métro, surtout pendant les heures de pointe qui ne cessent de s’allonger. En période de Covid-19, il n’est pas conseillé d’emprunter des moyens de transport collectif bondés au risque de se voir contaminé. En outre, l’horaire d’arrivée et de départ de ces moyens de transport routier et ferroviaire n’est pas toujours respecté pour diverses raisons, y compris celles qui concernent les grèves et les arrêts momentanés du travail.

De son côté, la Sncft conclura bientôt des marchés pour acquérir des barrières automatiques, ce qui limitera le nombre d’accidents.

En effet, on a assisté, plus d’une fois, à des accidents graves qui auraient pu être évités si les barrières étaient en bon état de fonctionnement. Pis encore, certains passages à niveau ne disposent même pas des barrières et les automobilistes ainsi que les piétons sont appelés à faire preuve de prudence pour ne pas être surpris par l’arrivée en trombe du train roulant à vivre allure.

Le ministre du Transport a évoqué aussi l’intention de supprimer certaines intersections en construisant des ponts-routes, d’instaurer des caméras de surveillance, de clôturer les environs des voies ferrées, d’améliorer la visibilité et de fermer les intersections anarchiques. Un site propre pour le train en milieu urbain surtout pourrait éviter bien d’accidents, comme c’est le cas à la banlieue sud, même si les habitants ont détruit une partie du mur pour accéder rapidement à la gare.

Le  ministère du Transport coordonne ses actions  avec le ministère de l’Equipement pour mettre en œuvre un plan visant à réduire les accidents qui surviennent au niveau des intersections des voies ferroviaires et des routes. Le nombre des intersections rail-route s’élève à 1.126 dont 26% sont équipées.

Laisser un commentaire